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Conclusion

 

 

                                       Après un travail de fourmi, nous avons dû nous résoudre à ne trouver que des données partielles, lacunaires de la situation scolaire durant la première guerre mondiale. Le sujet n’a manifestement jamais fait l’objet d’une recherche complète. Les informations que nous avons pu lire sont généralement très générales parsemées d’anecdotes éparses et disparates, le tout se greffant en complément d’autres analyses de la guerre.

 

                                       Un obstacle de notre recherche consista aussi dans la difficulté à trouver des ouvrages spécifiques qui ne sont accessibles qu’en bibliothèques universitaires. Les contraintes de l’enseignement secondaire général ne nous ont malheureusement pas permis de nous déplacer comme nous le souhaitions, sans parler du temps perdu dans les transports en commun.

 

                                       Néanmoins, nous pouvons émettre l’hypothèse que « l’école buissonnière Â» fut une notion présente durant le conflit mais qu’elle ne porte pas le sens jouissif que lui donne la génération scolaire actuelle.

 

                                       Sous la contrainte, à savoir l’exode devant l’avancée des ennemis, les réquisitions temporaires voire permanentes des bâtiments scolaires par des troupes militaires ou la transformation en lieux de soins, il est vrai que les écoliers de 1914-18 ont peut-être perçu ces suspensions de cours comme une bulle récréative. Néanmoins, la peur de l’ennemi, la crainte d’un bombardement dans les régions du front ont rapidement effacé ce bref sentiment d’insouciance.

Pour ceux qui furent contraints de vivre leur scolarité en terres étrangères (France, Pays-Bas, Suisse) cette vie nouvelle ne se fit pas toujours dans l’harmonie. La découverte d’un autre système scolaire, l’apprentissage d’une autre langue, la difficulté d’intégration dans une autre culture ont certainement contribué à forger les caractères.

 

                                       La mise en place de la loi Poullet ne fut que partiellement appliquée notamment concernant l’âge de la scolarité jusqu’à 14 ans. Les pères étant au combat, prisonniers, les jeunes ont dû aider leurs familles, en travaillant souvent dès leurs 12 ans.

Si l’occupant intervint peu dans les programmes scolaires, il imposa la langue néerlandaise dans l’enseignement bruxellois et flamand. Le rationnement fut également d’application dans les écoles comme le tonnage de charbon pour chauffer les classes.

 

                                       Paradoxalement, l’école fut « buissonnière Â» de part des mesures combattant la guerre.

La poursuite de l’apprentissage a certainement permis aux enfants d’oublier les affres de la guerre, durant les heures scolaires.

La mise en place des actions de la C.N.S.A. constitua également une « bulle réjouissante Â». La distribution de soupes, de repas, d’examens médicaux, de séances de coiffeurs ont certainement permis aux élèves de s’évader des difficultés du quotidien.

Les lettres écrites aux prisonniers de guerre avec l’instituteur, et ce sous l’autorisation de l’occupant, ont aidé les enfants à se construire des images de héros et à favoriser le patriotisme. Se sentir utiles autrement que dans le travail a construit un imaginaire embelli de la guerre. De même, les prières pratiquées au sein de l’enseignement confessionnel ont contribué ces petites âmes à se construire une attitude d’altruisme.

L’enfant est devenu un atout de propagande tant ennemie qu’alliée et surtout un enjeu pour les états à vouloir préserver la jeune génération.

 

                                       L’école, par conséquent, a été en elle-même une « Ã©cole buissonnière Â», un havre de paix relatif, une bulle d’oxygène au milieu de ce monde embrasé. L’esprit collectif faisant place à l’individualisme. Il en est probablement resté quelque chose dans le choix de la devise de notre collège ouvert à plus de 50 nationalités : « le dépassement de soi et l’ouverture aux autres Â».

                                       Quant à l’expérience vécue par mes élèves, ce fut une école buissonnière. S’évader de l’enseignement traditionnel en endossant le costume d’historien les a confrontés à tant de techniques habituellement impossibles à pratiquer dans le cours. Brainstorming, questionnements multiples, débats devant des résultats ou les recherches, voilà une belle émulation intellectuelle. Travailler en groupe, répartir les tâches, compter sur chacun pour obtenir un résultat était aussi un moyen de comprendre l’importance de chacun dans un combat pour la liberté. L’école au-delà du cadre, des savoirs « classiques Â» a constitué une sorte d’évasion. Quitter le collège pour se plonger dans une bibliothèque, se déplacer dans un dépôt d’archives les a fait voyager dans le temps et l’espace. La participation à ce concours fut par essence, une école buissonnière.

Merci à eux pour tous leurs efforts. 

 

Véronique Mauroy

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